« Je sais qu’on a déjà écrit sur les pêcheurs d’éponges, les requins, les scaphandriers, mais toujours sous forme de récits ou de romans de deuxième ou troisième main. C’est une chose d’écouter une histoire, une autre de la voir, de la vivre et d’en subir les conséquences… Cela m’oblige à mettre (ces faits) par écrit pour ne pas les emporter avec moi et les faire disparaître… »
Au soir de sa vie, Yánnis Yérakis (1887-1971), ancien plongeur nu pour la pêche aux éponges, ressent l’impérieuse nécessité de témoigner pour les générations futures. Natif de la petite île grecque de Kalymnos (Dodécanèse), il a connu dans sa jeunesse la pauvreté, l’exil forcé dans les bagnes industriels pour enfants de la Russie d’autrefois, à Saint-Pétersbourg, puis les drames de la révolution d’Octobre.
Entretemps il aura été, adolescent, plongeur sur les côtes d’Afrique pendant trois ans.
« En décrivant les rêves et les désillusions jadis partagés par les pêcheurs d’éponges de Kalymnos, Yérakis rend hommage à la fragilité des siens. Magnifiant les gestes de leur quotidien, il redonne toute leur noblesse à ces pêcheurs courageux qui osaient regarder la mer en face, au point de provoquer parfois son courroux. »
Daniel Faget