Voici trente ans, un drôle de contrôleur bulgare frappait pour la première fois à la porte des français, embarqués depuis dans un voyage truculent à travers l’œuvre de Deszo Kosztolányi.
Les nouvelles présentées dans ce recueil – véritables perles de jeunesse publiées avant la Grande Guerre – préfigurent toute la richesse du style de ce maître de la forme courte : il y manie magistralement la plume, et dose déjà à la perfection humour, angoisse et poésie. Ainsi, un Homère désabusé se métamorphose en journaliste opportuniste ; Barbe-bleue se mue en médecin attentif tandis qu’un colonel aux airs de militaire prussien se débat pour imposer sa loi dans la province magyare ; et qu’un trompettiste tchèque, aveuglé par l’admiration, prend en filature un Beethoven revenu à la vie, gagnant ainsi sa place dans l’express hongrois qui, sous l’œil bienveillant du fameux contrôleur, poursuit son étonnant chemin sous nos latitudes.