Croisant les époques, Barthelme s’est amusé à installer le roi Arthur et sa cour à la tête de la monarchie britannique lors de la Seconde Guerre mondiale ; sa Table ronde et ses chevaliers au cœur de l’immense champ de bataille qu’est devenue l’Europe.
À force de dépaysement historique, ces personnages empruntés au monde merveilleux des récits de chevalerie ont fini par s’habituer à leurs différences, conservant leur imaginaire en l’état. Mais à quoi peuvent servir leurs belles montures face aux tanks de l’armée allemande ? À rien.
Le monde entier s’effondre et Arthur, Gauvain, Lancelot, Guenièvre et les autres vaquent à leurs occupations ordinaires – amours, combats, rêveries, causeries –, laissent flotter quelques considérations, quelques états d’âme, tout en feuilletant la presse à scandale, s’entretiennent des principes de l’amour et de la chevalerie, tout en critiquant la politique de Churchill – tandis qu’Ezra Pound et lord Haw-Haw empoisonnent les ondes de la radio…
Sacré Graal.