Du Manuscrit trouvé dans la poche, Eddy du Peron ne se présente comme simple éditeur. Cette autobiographie, soi-disant trouvée dans la poche d’un malade mental, est précédée d’un fac-similé de certificat médical, dans lequel un certain Docteur Grattefesces réclame l’internement d’un patient atteint « d’amnésie cérébrale, due à des tentatives insuffisamment guidées pour arriver au degré suprême d’aliénation de l’esprit ».
Récit de la découverte par un jeune étranger de l’avant-garde parisienne, le livre est une satire acerbe du milieu littéraire des années 20. Bodor Guila, aspirant poète, se plonge dans le Montmartre bohème dans l’espoir de « se mettre au courant des mouvements modernes ». Il rencontre quelques-unes des célébrités du moment, composant à chaque fois un poème en hommage au maître. Ayant compris que la folie est la clé du génie poétique, il décide de cultiver ses délires et connaît brièvement les fulgurances de l’inspiration, mais finit par perdre complètement la raison. Le livre s’achève sur une glossolalie incompréhensible.
Avec ce manuscrit truffé de savoureux pastiches (Pascal Pia, Apollinaire, Cendrars, Tzara, Whitman…), Eddy du Perron règle ses comptes avec les avant-gardes, qu’il rejette après qu’elles l’aient attiré. Au-delà du trait ironique du caricaturiste, le manuscrit constitue un passionnant document littéraire, qui pointe l’ambiguïté du rapport à la folie des écrivains de l’époque.