Ce septième roman de Don Carpenter, paru en 1985, est un portrait de groupe : on y suit les trajectoires d’une trentaine de camarades au cours d’une année charnière, celle où ils vont terminer le lycée, et basculer plus ou moins brutalement vers l’âge adulte. Cet « album » est composé de vingt-quatre chapitres, des instantanés, dont le développement narratif flirte avec les canons de la nouvelle américaine : un certain minimalisme, une rigueur linguistique, une tension propre, des chutes laconiques, comme en suspens, qui soulignent souvent la tonalité nostalgique de ces brefs épisodes.
L’action se situe à Portland à la fin des années quarante, débute un soir de réveillon, s’attarde un peu au lycée, passe fugitivement à New-York, s’offre quelques excursions estivales à Seaside, la station balnéaire toute proche, et se clôt sur des retrouvailles, un an plus tard précisément, lors d’un double enterrement…
Don Carpenter avait dix-huit ans en 1949 ; à travers ce roman, il porte sur sa génération un regard empathique et lucide et restitue avec une remarquable économie de moyens la grâce précaire de la jeunesse.
« Pour eux, le temps du lycée et de la jeunesse était terminé. C’était une réalité. »