Le livre s’ouvre sur une longue scène muette, une poursuite entre chats et chiens errants, dans les rues désertes d’une ville qui est sans doute Los Angeles. Une ouverture symbolique, qui désigne la ville comme la juxtaposition de toutes les solitudes, celle des bêtes comme celle des hommes.
Le lecteur fait connaissance avec une série de personnages, Mildred, étudiante fauchée, hyper stressée et cocaïnomane, Vrej, arménien aux tendances régressives cherchant l’âme soeur sur Internet, un professeur au bout du rouleau totalement harcelé par ses élèves, Terence, silhouette fantomatique qui vit perpétuellement caché sous un drap… On rencontre aussi Phineas, un adolescent fugueur, qui se réfugie chez ses oncles, deux frères racistes, paranoïaques et fascisants. Avec une neutralité froide et non sans humour, John Pham livre ces fragments de la vie urbaine au début du second millénaire. Précis et sobre, son dessin dérive parfois, au gré des rêves de ses personnages, vers un imaginaire poétique luxuriant.
Sur les gardes du livre, une série parallèle, les aventures de deux astronautes déprimés, leur dérive sans but aux confins de l’univers…
Un premier volume foncièrement original, d’une impeccable maîtrise graphique.