1821. La Révolution qui mena à la création d’un État grec indépendant de l’Empire ottoman est déclenchée, le miracle a lieu : des minorités grecques éparses se lèvent contre un adversaire infiniment plus puissant dans le but incongru de redevenir des Grecs. Moteur de cette guerre, l’identité grecque moderne s’est fabriquée à l’aune d’une civilisation européenne elle-même fondée sur une imitation biaisée de l’héritage grec antique, limité à la « raison ». Du miracle jaillit la tragédie et la Grèce d’aujourd’hui, n’étant ni complètement européenne, ni authentiquement grecque, se cherche encore. D’aucuns évoquent même le « malheur d’être grec ».
À l’occasion du bicentenaire, l’écrivain Yannis Kiourtsakis souhaite dépasser le dilemme entre « grécité » figée et mondialisation désenchantée pour ouvrir une troisième voie essentielle. Celle du mythe, de l’humanisme respectueux du collectif et de la nature, préservée au cours des siècles par la culture populaire grecque et dont l’Europe a beaucoup à apprendre.