Fiction échevelée, roman d’un onirisme luxuriant, foisonnant de personnages, il serait bien difficile de résumer Danse sur la corde.
Ainsi le guérisseur et hypnotiseur Rudolf Jellen, le spirite Darman, le dictateur Raganza, apparaissent tour à tour, avatars d’un seul héros à l’identité changeante. Plus fuyantes encore, plus insaisissables, les figures féminines qui traversent le livre, séductrices ou maternelles, innommées, nimbées d’une blancheur symbolique, femmes-papillons, sorties de chrysalides, semblent surgir d’un monde fantasmatique archaïque. On se souviendra qu’à l’époque, les recherches freudiennes mettaient en ébullition le petit cercle des écrivains de Nugyat, fréquenté par Karinthy…
Poème monstrueux, Danse sur la corde s’affranchit de la narration rationnelle pour rejoindre la logique du délire et du rêve. L’écriture tangue sur un fil, au risque de la folie : Karinthy signe là un de ses textes les plus audacieux et les plus inventifs, l’un de ses plus brillants certainement.