Dans cette forêt des Carpates où cohabitent cueilleuses de myrtilles accortes et gardiens d’ours, on oublie jusqu’à son nom, jusqu’au motif de sa venue.
Ici, les oiseaux portent les germes d’une fièvre mortelle, l’identité ne tient qu’à une plaque de fer-blanc et au bon vouloir d’une femme colonel aux ordres sibyllins. Seule issue possible : embarquer entre deux carcasses d’ovins congelés dans le camion frigorifique du gros Mustafa Mukkerman, assurant la liaison Sinistra-Balkans une fois par semaine. Mais encore faudrait-il vouloir fuir… Les jours passent, coulent la Sinistra et l’alcool dénaturé…
Dans la veine d’un Kafka burlesque, Ádám Bodor, l’un des maîtres de la littérature hongroise, explore avec humour un territoire sauvage où, à la surface de l’absurde, plane l’ombre sinistre de la dictature.