Le Précipice

16,30

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Précipice (1929) est le récit de trois journées particulières dans la vie d’un homme rangé, qui va soudain plonger dans des abîmes dont le protégeaient jusque-là les conventions de la vie professionnelle, sociale et familiale.
Ce professeur de droit se réveille un matin avec un sentiment de lassitude, d’exaspération, ainsi que d’étrangeté à sa propre vie. En proie à ce singulier trouble, il se rend tout de même à l’université : sous le coup d’une inspiration saisissante, il y donne un cours totalement improvisé, le plus beau de sa vie, et provoque ses étudiants par des discours iconoclastes. Puis il s’en va consulter l’une de ses anciennes disciples, devenue demi-mondaine, qui le met en relation avec un lointain parent capitaine des hussards, un homme plus libre que lui, croit-il. Obsédé par cette quête de liberté, il ne retourne ni au domicile conjugal ni à l’université. Suivent trois jours et deux nuits de dérive dans les rues, d’hôtels en cafés, marquées par des rencontres inattendues.

Précipice est une sorte de suite rhapsodique où l’on passe, sur les traces de ce narrateur solitaire et inquiet, bavard et cultivé, du brouillard aux lumières éclatantes, de la froidure des rues hivernales aux intérieurs surchauffés, des éclairages noctambules aux aubes glacées, d’insomnies en sommeils agités de rêves. L’alternance du monologue intérieur du narrateur et des dialogues avec les différents personnages rencontrés rythme cette odyssée intérieure et urbaine.
Autant que les profondeurs de l’âme humaine, ce récit nous fait découvrir le Budapest de l’entre-deux guerres, son aristocratie déclinante et sa grande bourgeoisie, ses bas-fonds où se mêlent toutes sortes d’individus, et où résonnent les premières notes de jazz. On y découvre également le style narratif de Milán Füst, que caractérisent un réseau serré et cohérent de motifs et d’images originales, son goût de la digression, ainsi qu’un certain lyrisme, tantôt audacieux, tantôt retenu, souvent teinté d’ironie.

120 pages / 20,5 x 14 cm
Date de sortie : 04 avril 2008
16,30 euros
ISBN : 9782916589138

  

Auteur·trice

Milán Füst

À l’instar de nombreux écrivains importants de sa génération tels Babits, Kostolányi ou Karinthy, Milán Füst a participé à l’effervescence artistique autour de la revue Nyugat (Occident) qui bouleversa le paysage littéraire hongrois lors des premières décennies du XXe siècle. Poète, dramaturge, son itinéraire en tant que romancier est profondément original et méconnu, parce que souvent réduit à un seul chef-d’œuvre, l’Histoire de ma femme (publié en 1942, traduit en France par Gallimard en 1958), qui par son ampleur diffère nettement du reste de sa production romanesque, marquée par une prédilection pour la brièveté. Un seul de ses textes courts est disponible en français : Avent, traduit en 2000 par les éditions Ombres, d’une tonalité plutôt historique et politique. Dans L’Histoire d’une solitude tout comme dans Précipice (2008, éditions Cambourakis), Füst privilégie l’étude psychologique et les thématiques existentielles, à travers des personnages souvent obsessionnels, tourmentés, en proie à des passions dévorantes, vouées à l’inaccomplissement. Prosateur subtil, facétieux, et parfois retors, Füst manie un art de la digression et de l’audace narrative que ses romans courts illustrent remarquablement.
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