Je demande pardon aux morts et à leurs familles, je m’excuse auprès de ceux qui ont perdu leur maison et leur bétail, mais je crois que les Allemands et les fascistes y ont laissé des plumes. Non qu’on y soit vraiment pour quelque chose et qu’eux soient absolument nuls. Ce fut l’affaire de la Langa, avec sa terre, sa pierre et son bois, l’affaire de la grande Langa, notre mère.
Exhumé près d’un demi-siècle après son écriture, ce texte daté de 1946 est le tout premier récit autobiographique de Beppe Fenoglio. Il nous entraîne sur les chemins tortueux empruntés par les membres des foulards bleus de la Résistance italienne, aux côtés d’une chienne fidèle qui veille en véritable louve sur lui et ses compagnons d’armes. Abordant de front la cruauté des hommes en temps de guerre, sans jamais omettre l’infinie solidarité des habitants des campagnes envers les partisans, son témoignage compose un puissant hymne à la liberté, qui s’élève pour résonner bien au-delà des collines de la Langa.