Il y a quarante ans, je me suis unie pour la première fois à Onguentine et nous avons fait l’amour sur des catamarans à coques couplées, voiles fasseyantes, bénis soient les océans, mais Onguentine – mort maintenant après une putain de vie sans histoire – se révéla un féroce salaud qui me battait à moins une de me tuer chaque fois que la terre était en vue, non à cause de moi, non à cause de la terre, mais à cause de la boisson – lui et son penchant pour l’alcool jusqu’à la toute fin où ses lèvres grises ont touché la mer bleue pour la dernière fois, sa toute dernière fin. Suicide. J’ai donc vogué sur ce bateau, sur lui j’ai parcouru jusqu’au moindre pouce nautique de notre vie conjugale.
Sur une barge transformée en un luxuriant jardin flottant, monsieur et madame Onguentine cultivent un amour absolu, vénéneux, et sans issue, fait de dépendances mutuelles et d’incommunicabilité irrévocable.
Publié en 1972, cruelle et fantasmagorique allégorie du couple, ce texte d’une beauté convulsive, au phrasé envoûtant, est un météore sans égal dans le ciel de la littérature américaine.