Orphelin, Titou est recueilli par son grand-père, solitaire bourru et excentrique, porté sur le jeu et la bouteille, réfractaire à toutes les contraintes sociales, travail et impôts en premier lieu.
Malgré quelques divergences de caractère – Titou a la passion des clôtures, Pépé Jake les déteste – le duo fonctionne bien, et mieux encore du jour où déboule Canadèche, canard boulimique hautement sympathique, qui devient leur inséparable compagnon.
Trésor de malice et de tendresse, L’Oiseau Canadèche est un délicieux conte naturaliste moderne, brillant comme un cœur de canard.
Né en 1945, Jim Dodge est une figure atypique de la littérature américaine, à la fibre résolument écologiste et libertaire. Auteur de seulement quatre livres (dont Stone Junction, publié en 2008 dans la collection Lot 49), l’homme a pris le temps de vivre, exercé divers métiers – bûcheron, berger, joueur professionnel…
Il appartient à sa manière à la communauté des poètes du Grand Ouest américain : on pense à Richard Brautigan et son Général sudiste de Big Sur pour les divagations pacifiques, au James Crumley de La Danse de l’Ours pour mille raisons, au Denis Johnson de Déjà mort pour les vies d’aventure remontées au petit bonheur, à Will Oldham de Palace Music pour le trémolo dans la voix, à Sherman Alexie pour l’eau de feu, les visions… à tous ces tendres déconneurs qui dans les effluves matutinaux de café remettent leur casquette, leur épaisse chemise à carreaux, et remontent dans le pick-up intersidéral de leurs vies cabossées.
(Nicolas Richard)