Plage s’ouvre sur un trio quasi œdipien : un jardinier, le narrateur, est le témoin complaisant et pervers de la relation érotique entre sa femme Ponchita, et son jeune apprenti, Rudy.
Ce drame amoureux a pour décor un village d’une contrée indéterminée, méditerranéenne peut-être, un de ces rivages où se pressent des touristes attirés par le soleil, et peu soucieux de la réalité sociale et politique du pays, si noire soit-elle. Peu à peu on comprend qu’une menace sourde plane sur les habitants, une oppression omniprésente, qui va jusqu’à l’assassinat public… Des « réguliers », des « spécialistes » qui finiront par s’en prendre à l’apprenti jardinier, torturé sous le regard de son maître.
Steiner met en miroir un fascisme, qui reste innommé, et la violence du désir dans une narration éminemment singulière, au lyrisme puissant. L’obscurité de la passion est au cœur de cette histoire équivoque et troublante, empreinte d’une grande sensualité, amplifiée par une véritable poésie de la perception.