Publié en 1945, alors que la Norvège venait d’être libérée de l’occupation nazie, Derrière l’armoire, la hache affronte des thèmes alors particulièrement brûlants pour le peuple norvégien.
Ayant pour toile de fond la Seconde Guerre mondiale, ces nouvelles évoquent, sans aucun manichéisme, un peuple oppressé, déchiré. Car c’est avant tout les destins individuels qui intéressent Nedreaas : se tenant plus près des sensations et des réflexions de ses personnages, elle décrit l’égarement, la confusion, les doutes s’emparant des individus. Complexes, parfois elliptiques, voire oniriques, ces nouvelles laissent une grande part à l’interprétation du lecteur.
Sans jugement moral, elle met en scène des êtres passionnés, souffrants, aimants, mus avant tout par l’instinct de survie.
Avec parfois une grande crudité, elle évoque le sort de femmes compromises dans des relations avec l’occupant, qu’elles agissent par intérêt ou sous le coup d’un véritable élan amoureux. Plusieurs nouvelles mettent en scène de très jeunes filles vendant leurs faveurs aux Allemands en échange d’un peu de confort matériel. Nedreaas montre toute l’ambiguïté de la situation de ces femmes, qui trouvent auprès des Allemands un ersatz d’affection, alors que la bonne société les rejette violemment.
Au-delà de la noirceur, une véritable aspiration à la liberté traverse l’ensemble de ces nouvelles, considéré comme un des textes les plus importants de Torborg Nedreaas.