La Séduction, paru en Norvège en 1985, s’inspire de l’un des plus fameux récits de Knut Hamsun, Pan, dont il reprend les noms de personnages et une partie des motifs, situant l’intrigue non au cœur de la nature sauvage, comme dans le roman de Hamsun, mais dans le contexte urbain d’Oslo, à la fin du XXe siècle.
Glahn – jeune homme à la dérive, sans argent ni attache – croise au hasard des rues un ancien camarade militaire, Mack, un riche entrepreneur, qui va le prendre sous son aile et lui procurer un logement et un emploi de façade. Une amitié étrange, malsaine, lie les deux hommes, Glahn exerçant une sorte de charme à la puissance parfois effrayante, à la manière du héros de Théorème de Pasolini. Glahn séduit tour à tour la femme puis la fille de Mack, précipitant la famille entière vers un inéluctable drame. L’épreuve de la passion amoureuse fait voler en éclats la personnalité de chacun – Glahn lui-même n’y résistera pas : le livre s’ouvre alors qu’il est à l’hôpital psychiatrique.
Le récit se présente d’ailleurs comme une série de confessions à son psychiatre, Faldbakken instaurant ainsi une distance ironique qui modère la noirceur de sa vision fondamentalement désenchantée de l’amour. La Séduction n’en demeure pas moins un roman violent et troublant, une mécanique complexe et implacable.