Publié en 1960, Musique d’un puits bleu évoque avec une sensibilité extrême le destin de la petite Herdis, une enfant de dix ou onze ans, dont la vie va être bouleversée par le divorce de ses parents. Bien d’autres éléments bousculent par ailleurs l’univers de cette petite fille qui grandit à Bergen : la première guerre mondiale éclate, appauvrit le peuple, et attise les rancœurs sociales, si bien que les origines allemandes de la famille deviennent soudain problématiques.
Face à la complexité du monde des adultes, cruel et plein de faux semblants, Herdis trouve en elle des ressources protectrices : farouche et déterminée, elle tient tête à son père et sa mère, s’abandonnant secrètement à la douceur de ses rêves. Musique et poésie sont les clés d’un rapport magique à l’existence qui lui permet de résister à la violence extérieure.
Le traducteur, Régis Boyer, compare Nedreaas à la Colette du Blé en herbe : précise, sensuelle, d’une grande puissance d’évocation, son écriture est délicieusement envoûtante. Le personnage de Herdis apparaît dans trois autres des livres de Nedreaas, dont deux recueils de nouvelles. Les chapitres de Musique d’un puits bleu ont d’ailleurs tous leur force propre, et pourraient souvent fonctionner comme des nouvelles indépendantes. L’ensemble constitue un roman à la temporalité singulière, qui épouse le rythme intérieur de la petite Herdis, héroïne attachante et inoubliable.