Les seize chroniques rassemblées dans ce recueil – par Dominique Nédellec – pour la plupart composées vers la fin de la vie de l’écrivain exaltent le Japon éternel qui constituait à ses yeux le dernier refuge de la beauté et de l’authenticité.
De menus faits dépareillés, impressions de hasard, observations naturalistes, glanés au fil de la vie de cet esprit indépendant et narrés sans affèteries sur le ton de la causerie sentimentale. Le culte rendu à ses amours défuntes – O-Yoné et Ko-Haru – dont le souvenir l’entoure en permanence comme un halo consolateur l’amènera à élaborer les principes d’une nouvelle religion qu’il nomme lui-même « le culte de la saudade » : une religion d’esthète, mais où l’esthétique est rétrospective, qui conduit à la passion du beau, de ce qui console, de ce qui a été et n’est plus.
Loin de sa patrie et du dégout qu’elle lui inspirait, loin d’un occident qu’il jugeait caverneux et décadent Moraes nous fait pénétrer avec ferveur, l’esquisse d’un sourire mélancolique aux lèvres, en un jardin zen planté de cerisiers, de temples, de cascades… peuplé de mousmés et de lucioles… pays chimérique, serre tiède, de l’exotisme, de la solitude et de la saudade.