Les « Salamandres » de Capek sont secrètement parvenues, parallèlement à l’homme, à un degré d’évolution presque comparable.
Ce sont de braves créatures peuplant discrètement, à l’abri des requins, certains hauts-fonds de nos côtes maritimes. L’homme (en la personne truculente du Capitaine Van Toch) les découvre d’abord au large de l’Indonésie, sur une petite île sauvage. Ce sont des êtres paisibles, corvéables à merci et mêmes… comestibles.
Asservies, exploitées, les salamandres finiront cependant par se révolter, initiées en cela par la pensée marxiste et sensibilisées aux droits accordés aux ouvriers. Emportées par leur élan, ces dernières découvriront alors l’impérialisme, le nationalisme, grignotant peu à peu l’habitat terrestre, nos côtes s’effondrant dans leurs océans. Succéderont-elles alors à l’homme, seules maîtresses d’un globe aquatique, imitant celui-ci jusque dans sa manie d’autodestruction ?
« J’ai écrit mes “Salamandres” parce que c’est aux hommes que je pensais. Je les ai choisies parce qu’on a un jour commis l’erreur de prendre l’empreinte d’une mégalo salamandre du tertiaire pour celle de l’un de nos ancêtres fossilisés… Ce fût là une expérience un peu froide et humide, mais en fin de compte tout aussi merveilleuse et tout aussi terrible que de se mettre dans la peau d’êtres humains. »
« Alors que la situation mondiale se présentait on ne peut plus mal sur le plan économique et pire encore sur le plan politique, j’eus l’occasion d’écrire la phrase suivante : “Ne pensez pas que l’évolution qui a abouti à notre vie soit la seule possibilité d’évolution sur cette planète.” C’est cette phrase qui est coupable, c’est l’origine de la guerre des salamandres. »
Karel Capek
La maestria, le merveilleux sens de l’humour et la profonde connaissance des hommes de Karel Capek évoquent le génie de l’aventure et des profondeurs troubles de Stevenson. On songe aussi bien à l’atmosphère fantastisco-réaliste des romans de Sanchez-Pinol.