Les salamandres de Capek sont parvenues, parallèlement à l’homme, à un très haut degré d’évolution. Ce sont de braves créatures peuplant discrètement, à l’abri des requins, certains hauts-fonds de nos côtes maritimes. Apprivoisés par l’homme moderne qui les rencontre, fasciné, sur une petite île sauvage au large de l’Indonésie, nos charmants lézards, bientôt asservis, finiront cependant par se révolter. Emporté par son élan, l’Homo saurien découvrira à son tour l’impérialisme et le nationalisme, grignotant peu à peu l’habitat terrestre. Les salamandres succèderont-elles à l’homme, seules maîtresses d’un globe aquatique, imitant celui-ci jusque dans sa manie d’autodestruction ?
L’œuvre plurielle de l’écrivain tchèque Karel Capek (1890-1938) réunit quelques-uns des chefs-d’œuvre de la science-fiction du vingtième siècle. Sa maestria, sa malice, sa fine connaissance de l’homme et de ses profondeurs troubles le rapprochent notamment de Chesterton. Après avoir popularisé l’usage du mot « robot » – « travailleur », en tchèque – avec R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), il anticipe l’invention de l’énergie atomique dans La Fabrique d’absolu. Et signe en 1935 La Guerre des salamandres, une parabole visionnaire, un sommet de style et d’humour.